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Interview du Docteur Danielle Choucroun, médecin du planning familial du Luxembourg, enseignante université Paris Cité, formatrice de Com’Santé sexuelle et correspondante de la chaire UNESCO au Luxembourg

 

Le racisme est-il une forme de violence sexiste ou sexuelle ?

Le racisme a quelque chose en commun avec la violence sexiste ou sexuelle, quelque chose qui va au-delà de la discrimination ordinaire : de la même manière que la violence sexiste ou sexuelle, le racisme englobe et menace conjointement le corps, le mental et le social

 

Quels sont les indicateurs ?

1)L’isolement :  comme la violence sexiste, le racisme est occulte, dissimulé pour échapper à la loi. Les comportements ont lieu à l abri des regards.

2)L ’ inversion de la culpabilité :  la honte et la culpabilité sont présentes chez la personne dont les droits ne sont pas respectés

3) la dévalorisation : le racisme dans sa forme la plus courante est une violence symbolique qui crée en premier des plaies mentales, émotionnelles, sociales

Tristesse, dépression, clivage, effondrement, renoncement à l’identité expriment ce que la honte et la pudeur ont appris à faire taire

4)Climat de menace, peur : l’auteure.e utilise son pouvoir physique ou social pour exercer l’oppression. Par définition, dans une situation d’oppression, les moyens de défense et de lutte sont exigus

La violence symbolique, commune au racisme et au sexisme, est comme la maladie : laissée sans remède, la violence progresse et contamine l’entourage et ce à son insu.

Les fausses représentations transmissibles agissent malgré soi :

-déni observé dans les familles des cibles de violences sexuelles

-instrumentalisation d’un entourage sociétal ou professionnel afin de continuer à faire le mal

Racisme comme violence sexiste fabriquent la systémique utile à leurs agissements, de manière insidieuse et croissante, mobilisant peu à peu de manière imperceptible l’entourage aux dépends de la cible

Le racisme est ciblé, comme les violences sexistes et sexuelles : dans le cas le plus fréquent, toutes les personnes de la même catégorie ne sont pas attaquées : « noir », « juif », « femme », « enfant », autres, c’est-à-dire tous ceux.celles qui renvoient l’auteur.e à son impuissance sociale ou sexuelle.

Par cette stratégie de sélection de la cible, l’auteur.e simule son innocence

Le racisme peut être considéré comme une violence sexiste ou sexuelle, car le racisme est une violence qui attaque l’essence de la personne, sa capacité à s’aimer et à transmettre la vie.