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L’omniprésence du harcèlement sexuel au travail est une triste réalité, une forme de violence insidieuse qui non seulement porte atteinte à la dignité des individus, mais est également dévastatrice pour leur santé et leur bien-être. En plus d’être une agression personnelle, il constitue une discrimination fondée sur le sexe, un obstacle à l’égalité des genres et un frein à l’épanouissement professionnel.

Il est important, avant de plonger dans cette problématique, de définir clairement les termes clés qui y sont associés. Le “harcèlement sexuel” est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou des comportements à connotation sexuelle ou sexiste, non désiré et offensant pour la personne qui en est la cible. Les “agissements sexistes” sont des actes ou des propos qui dévalorisent une personne sur la base de son sexe, qui portent atteinte à sa dignité ou créent un environnement hostile, dégradant, humiliant ou offensant. Le “harcèlement moral”, quant à lui, correspond à des agissements répétés qui ont pour effet une dégradation des conditions de travail, une atteinte aux droits et à la dignité du travailleur, une altération de sa santé physique ou mentale ou une compromission de son avenir professionnel.

Dans cet article, nous allons examiner de près le harcèlement sexuel au travail : ce que dit la loi à ce sujet, comment le reconnaître et comment le dénoncer. Nous explorerons également les recours possibles pour les victimes et les moyens par lesquels nous pouvons tous contribuer à la lutte contre ce fléau sociétal. Notre but est de briser le silence, d’exiger le respect et de promouvoir un environnement de travail sûr, égalitaire et respectueux pour tous.

Harcèlement au travail

Qu’est-ce que le harcèlement sexuel et les agissements sexistes ?

La distinction entre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes est un point essentiel pour comprendre les violences sur le lieu de travail. Le harcèlement sexuel se manifeste par des propos ou des comportements à connotation sexuelle, répétés, qui nuisent à la dignité de l’individu ou créent une situation intimidante, hostile ou offensante. Les agissements sexistes, de leur côté, sont des propos ou des comportements fondés sur l’appartenance à un sexe, qui rabaissent ou méprisent une personne, ou rendent l’environnement de travail désagréable ou humiliant.

La loi française encadre clairement ces comportements. Selon l’article L. 1153-1 du Code du travail, tout harcèlement sexuel ou tout agissement sexiste dans les relations de travail est interdit. L’article 222-33 du Code pénal prévoit également des sanctions en cas de harcèlement sexuel : un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, voire deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende en cas de circonstances aggravantes.

Qu’est-ce que le harcèlement physique ?

Le harcèlement physique couvre une gamme d’actes enchainée de façon répétée allant des attouchements, gestes obscènes à des tentatives d’embrassade ou de viol. Ces comportements portent atteinte à l’intégrité physique et psychique de la victime et peuvent entraîner des traumatismes durables. Le harcèlement physique est une forme grave de violence, assimilée à une agression sexuelle ou un viol selon la nature des faits, et passible de peines plus lourdes que le harcèlement sexuel.

Quelles sont les sanctions encourues par l’auteur ?

L’auteur de harcèlement peut être confronté à des sanctions disciplinaires de la part de son employeur, telles qu’un avertissement, une mise à pied, une mutation ou un licenciement pour faute grave ou faute lourde.


La justice peut également infliger des sanctions pénales au harceleur, allant d’une amende à l’emprisonnement, en passant par l’interdiction d’exercer certaines activités professionnelles ou sociales, ou l’obligation de suivre un stage de sensibilisation à la lutte contre le harcèlement sexuel. En outre, la victime peut réclamer au harceleur des dommages et intérêts pour réparation du préjudice moral, matériel et professionnel subi.

Personne victime d'harcèlement sexuel au travail

Qui peut m’aider ?

Lorsque vous êtes confronté au harcèlement sexuel sur votre lieu de travail, plusieurs acteurs sont à même de vous soutenir et de vous accompagner. Ces acteurs comprennent les représentants du personnel tels que le Comité Social et Économique (CSE), le médecin du travail, l’inspection du travail, les syndicats, les associations spécialisées comme l’Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT) ou le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF), les services sociaux et les avocats.

Chacun de ces acteurs a un rôle spécifique dans le processus de soutien. Les représentants du personnel et les syndicats sont là pour écouter, conseiller et orienter les victimes. Le médecin du travail, de son côté, a un rôle d’écoute, mais aussi d’information et de protection de la santé des travailleurs. L’inspection du travail veille au respect de la législation et peut être saisie en cas de problèmes. Les associations spécialisées, comme l’AVFT et le CIDFF, offrent du soutien et des ressources, notamment pour aider les victimes à comprendre leurs droits et à naviguer dans le système juridique. Les services sociaux peuvent apporter une aide matérielle et psychologique. Enfin, les avocats sont là pour défendre les droits de la victime en justice

Pour contacter ces acteurs, voici quelques coordonnées utiles :

AVFT : 01 45 84 24 24, contact@avft.org, www.avft.org 

CIDFF : www.infofemmes.com 

Inspection du travail : https://travail-emploi.gouv.fr/ 

Pour trouver un avocat : www.avocat.fr 

Il est essentiel de ne pas rester seul face à cette situation. N’hésitez pas à demander de l’aide.

Textes de loi et références

Pour mieux comprendre le cadre juridique qui entoure le harcèlement sexuel au travail, vous pouvez consulter les textes de loi suivants :

– Code du Travail – Articles L1153-1 à L1153-6

– Code Pénal – Article 222-33

Pour approfondir le sujet, vous pouvez consulter les références suivantes :

– Le Rapport de la Mission interministérielle sur le harcèlement sexuel au travail, 2014

– L’Enquête Violences et rapports de genre (Virage), INED, 2017

Services en ligne et formulaires

Pour faciliter vos démarches en cas de harcèlement sexuel au travail, voici quelques services en ligne et formulaires utiles :

– Signalement en ligne de contenus ou comportements illicites

– Portail du Ministère de la Justice pour déposer une plainte en ligne, faire une demande d’aide juridictionnelle, etc.

– Portail du Ministère du Travail pour signaler un problème à l’inspection du travail, trouver des informations sur vos droits, etc.

Il est essentiel de connaître vos droits et de savoir où chercher de l’aide. N’hésitez pas à utiliser ces ressources pour vous informer et prendre les mesures nécessaires.

Comment reconnaître un cas de harcèlement sexuel ?

Le harcèlement sexuel peut prendre diverses formes et n’est pas toujours facile à identifier. Il y a toutefois des critères qui peuvent aider à reconnaître une situation de harcèlement sexuel :

– La répétition : Le harcèlement sexuel se manifeste par des propos ou comportements à connotation sexuelle qui se répètent de manière constante et délibérée.

– L‘absence de consentement : Le consentement de la personne visée n’est jamais acquis. Le fait que ces propos ou comportements ne soient pas désirés par la personne qui les subit est un signe clair de harcèlement.

– Le caractère sexuel : Le harcèlement sexuel se caractérise par des propos ou des comportements à connotation sexuelle. Ils peuvent être verbaux (remarques, blagues, commentaires sur le physique…), non-verbaux (regards insistants, gestes déplacés…) ou même physiques.

– L’atteinte à la dignité ou à la santé : Le harcèlement sexuel porte atteinte à la dignité de la personne visée et crée un environnement de travail intimidant, hostile ou offensant. Il peut également avoir un impact sérieux sur la santé mentale et physique de la victime. 

Voici des exemples concrets de harcèlement sexuel :

– Des remarques répétées et déplacées sur le physique ou la tenue vestimentaire.

– Des propositions indécentes ou des invitations insistantes malgré un refus.

– Des sifflements, des gestes obscènes ou des regards insistants.

– L’envoi non sollicité de messages, d’images ou de vidéos à caractère pornographique.

Il est important de distinguer le harcèlement sexuel du flirt ou de la séduction. En effet, le harcèlement sexuel est unilatéral, non désiré et non respectueux, alors que le flirt ou la séduction implique une réciprocité, un consentement et du respect mutuel. Si ces éléments ne sont pas présents, il peut s’agir de harcèlement sexuel.

Victime de harcèlement sexuel, que faire ?

Que faire dans l’urgence ?

Si vous êtes victime de harcèlement sexuel, ne restez pas silencieux. Il faut réagir le plus rapidement possible. Commencez par exprimer clairement votre désapprobation à l’égard de la personne responsable, si vous le pouvez. Enregistrez toute interaction indésirable, que ce soit sous forme de messages, d’e-mails ou par le biais de témoignages de collègues. Informez ensuite votre supérieur hiérarchique, les ressources humaines ou le représentant du personnel. Il peut également être judicieux de demander conseil à un professionnel du droit.

 

Mise en place d’actions de prévention

La prévention du harcèlement sexuel au travail est une obligation légale pour l’employeur. Voici quelques actions que l’employeur doit mettre en place :

– Affichage des dispositions du code pénal relatives au harcèlement sexuel dans les locaux de travail.

– Diffusion d’une charte de lutte contre le harcèlement sexuel auprès de tous les salariés.

– Formation et sensibilisation des salariés et des managers aux risques et aux conséquences du harcèlement sexuel.

– Mise en place d’un dispositif d’alerte et de traitement des signalements pour garantir une prise en charge rapide et appropriée des cas de harcèlement sexuel.

En tant que victime, n’hésitez pas à vérifier si ces mesures sont effectivement mises en place dans votre entreprise et à les solliciter si besoin. Cela peut vous aider à mieux comprendre vos droits et à savoir comment réagir face au harcèlement sexuel

Formation des représentants des travailleurs

Les représentants du personnel (CSE) jouent un rôle fondamental dans la prévention et la lutte contre le harcèlement sexuel au travail. Ils ont pour mission d’informer et de sensibiliser les salariés à cette problématique. Ils sont également chargés d’alerter l’employeur et l’inspection du travail en cas de signalement, et d’accompagner les victimes dans leurs démarches. De plus, ils peuvent proposer des mesures correctives à mettre en œuvre pour éviter que de tels agissements ne se reproduisent. Il est donc vivement recommandé aux victimes de se rapprocher des représentants du personnel de leur entreprise et de bénéficier de leur soutien. Pour ceux qui le souhaite, nous proposons une formation sur la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail, vous saurez comment mieux faire face à ce genre de situation.  

formation des professionnels

Suivi de la santé des travailleurs

Le médecin du travail a un rôle clé dans le suivi de la santé des travailleurs exposés au harcèlement sexuel. Il est en mesure de dépister les situations à risque, d’évaluer l’impact du harcèlement sur la santé physique et mentale des victimes, et de proposer des mesures d’aménagement ou d’adaptation du poste de travail. Il peut également orienter les victimes vers des professionnels de santé spécialisés. Il est donc fortement conseillé aux victimes de consulter le médecin du travail de leur entreprise et de bénéficier de son suivi.

 

Contre l’auteur des faits

Si vous êtes victime de harcèlement sexuel, il est important de réagir face au harceleur. N’hésitez pas à lui exprimer clairement votre refus face à ses avances ou comportements et à lui demander d’arrêter immédiatement. Rappeler la loi et les sanctions encourues peut également avoir un effet dissuasif.

 

Par ailleurs, pensez à vous protéger face au harceleur : évitez d’être seul avec lui et faites-vous accompagner par un collègue ou un représentant du personnel. Enfin, gardez précieusement des preuves écrites ou audiovisuelles des faits de harcèlement sexuel au travail  (messages, e-mails, photos, vidéos…), elles pourraient vous être utiles.